La PMA : pression maximum autorisée !


Vous avez toujours rêvée d'être une working girl et voulu un job dans lequel vous devez sauver le monde ? Et bien la PMA est faite pour vous !

Je vous passe les cycles où vous avez pleurniché, râlé, pesté contre ce qui vous arrive et ce que les embûches que le destin a placé sur votre route... Mais ça y est, vous y êtes, maintenant vous passez en PMA - procréation médicalement assistée - c'est digéré et accepté donc il n'y a plus qu'à !

Votre nouvelle vie s'ouvre sur une cadence des plus rythmées, avec un agenda médicale de folie, qui rendrait jaloux un ministre. Le hic c'est que toutes ces choses à planifier engendrent une réelle pression.
Les vétérances du programme, désormais préparées en toutes circonstances, vont vous conseiller un agenda dédié, une couleur sur votre agenda téléphonique, un parapheur, un trieur, des marque pages et toute ces réjouissances que vous pensiez avoir laissées au bureau, pour rendre le tout un peu plus ludique et girly.

Cependant, quand je parle de pression je pense à celle que je subis mais aussi celle que je fais subir. Je me vois donc obligée de vous parler de cette soirée en pharmacie et de la pression cosmique que j ai appliquée à cette pauvre et néanmoins très gentille pharmacienne, un soir de désespoir...

RDV labo : 8h00 / résultats : 11h26 / rdv gynécologue : 14h et là la consécration : "Super on passe sous Puregon". Danse de la victoire de vos follicules, ordonnance en main, vous sortez victorieuse de ce rendez-vous, avec
l'impression d'avoir réussi le casting de votre vie ! Un sentiment de satisfaction intense s'emparei de vous tandis que vous trottinez déjà vers la pharmacie... Il est à moi, ce mois-ci c'est mon tour !
Mais voilà, il y a soudain une ombre au tableau, quand la pharmacienne vous rappelle avec le sourire le plus dénié d'empathie du monde - car il faut le vivre pour le comprendre - que "le Puregon, ah non cela se commande madame. Je ne l'aurai que dans 48h".
Sauf que mes follicules n'attendent pas, il me le faut pour ce soir ! Là, tout de suite maintenant...
J'ai alors, plus déterminée qu'un jour de soldes et sans doute habitée par une fois incroyable, contacté 13 pharmacies parisiennes avant d'obtenir le Graal : Oui, du Puregon nous en avons en stock bien sûr !" YES !
Mais ce n'était pas fini... Tandis que je présentais fièrement le soir venu mon ordonnance en quête de ce trophée durement acquis, la pharmacienne m'indiqua : "Voilà, vous changez juste l'ampoule du Puregon Pen". Le pen de quoi ? Je n'en ai pas... Désillusions , drame , désespoir !

A que cela ne tienne je dégainais mes deux téléphones, car j'avais décidé que je l'aurai ce soir ma piqûre ! J'ai donc mis une pression de l'espace à la seconde pharmacienne qui a pris son téléphone pour contacter tous ces confrères avec beaucoup de compréhension. On s'est réparties les arrondissements : "vous faites rive droite je prends rive gauche !" Elle transpirait, elle respirait, enchaînait les appels pendant que je racontais mon histoire que je rendais des plus larmoyantes pour trouver mon pen...
Alors avis à toutes les parisiennes, les pharmacies de Montparnasse et de Saint Lazare sont les reines de l'approvisionnement des produits PMA ! J'ai couru, sauté dans un Uber pour y arriver pour pouvoir trouver et prendre mon traitement à temps. Qu'est-ce-qu'on ne ferait pas pour avoir la chance de tenir un petit bébé dans ses bras hein ?

Je suis finalement retournée à la pharmacie avec un ballotin de chocolat pour la remercier de son aide mais je dois avouer que pour suivre mon traitement et optimiser mes chances, je fais mon maximum et cette pression là vous rend pire que Xena la guerrière !
Dans un soucis d'optimisation de mon temps, je vais me servir de ce parcours PMA pour devenir encore plus organisée et parée. Le classeur est prêt en double, les papiers sont scannés, les plans B sont pensés, voire même les C et D. Quant aux tracas du quotidien, je m'y attaque d'ici une petite décennie !

Une carrière ou être mère ?



Choisir entre ta carrière ou ton rôle de mère et/ou ton désir d'enfant, cela vous semblera probablement réducteur, c'est pourtant ce que j'observe dans le monde du travail . Les femmes doivent faire un choix et mettre entre parenthèse pour un temps leur avancement professionnel au moment de fonder une famille.  

Pourquoi devoir choisir ? Quand nous prenons le temps pour concevoir un enfant - je parle des femmes parcours PMA - nous pouvons prendre de la hauteur pour apprécier le monde du travail.

Vu de plus haut voilà ce que ça donne : 

Vous avez cru en avoir fini avec la cour d'école, vous avez survécu à cette jungle qu'est le lycée, avec brio vous êtes sorti de l'école de commerce où règnent préjugés et rivalité. Cependant, vous voilà projetée dans la plus impitoyable cour de récré désormais : bienvenue dans le monde du travail !

Si un soir te prend l'idée saugrenue de quitter ton poste à 18h01 pour simplement partir à l'heure, tu peux déjà parier sur ton collègue qui te le soulignera avec un petit sourire en coin et de façon bien audible pour que tout l'open space remarque ton départ. Je vois ces mamans qui jonglent entre ce dictat du présentiel tellement français et leur rôle de chef de famille telles des amazones des temps modernes et cela m'impressionne énormément.

Dans le monde du travail, dans la plus grande majorité des cas du moins, j'observe qu'en devenant maman il faut faire des choix : je pars à l'heure = ma carrière peut se mettre en pause, je fais des heures à rallonge = mes enfants sont élevés par des nounous, jeunes filles au pair, baby sitters mais je peux évoluer rapidement. Tout est une question de priorité à définir et c'est parfois injuste, d'un côté comme de l'autre. Pourquoi choisir entre son bien être familial et son bien être professionnel ? Dans les pays nordiques, ils ont compris l'intérêt de concilier les deux depuis bien longtemps déjà ! Cette pression sur les temps de présence au bureau, je trouve cela malsain et je ne l associe en rien à la performance d'un employé. Quand vous en parlez autour de vous on vous répond que c'est comme ça en France, mais présence ne signifie pas toujours efficacité...

Ça me fait une belle jambe moi cette personne qui veille sur l'open space tel un faucon sur sa prochaine proie afin faire un rapport sur nos horaires pour sa propre promotion. En quoi si je ne trouve pas un équilibre entre ma vie pro et perso puis-je être bien dans mon job et réellement optimale pour mes clients ?

Quand on met plus de trois ans pour s'assurer une descendance on a le temps - bien trop certes mais le temps - de s'interroger  sur comment on va être. Moi carriériste dans l'âme, je vais devoir prendre position. Vu l'énergie que je mets à avoir un enfant, est-ce-que je souhaite vraiment que celui ci soit élevé par des nounous ? D'un autre côté, ayant eu du coup le temps de peaufiner mon parcours professionnel, vais-je pouvoir envoyer valser une future évolution aussi facilement ? 

Je ne peux que féliciter les jeunes mamans que je vois courir pour arriver à 9h15 car le petit a décidé ce matin de s'enfermer dans la  salle de bain car c'est quand même plus drôle de faire ça le jour où tu es déjà à la bourre. De même que ce départ baskets aux pieds à 17h50 car si elle part à 18h elle va reproduire ce qui est bien trop arriver : le récupérer  à la police car la crèche ferme à 18h31 et qu'eux ils respectent les horaires, ou bien faire face à un regard culpabilisant au possible parce qu'on arrive en courant, toute suintante, pile avant que les portes ne se referment. 

Ces même mamans sont incroyables dans leur job et mène une carrière que j'admire mais non sans lutte. Je croise juste les doigts, je n'irais pas jusqu'à faire une révolution, pour que ce rôle de maman tant désiré, tant attendu, ne soit pas un frein de carrière mais me rende encore plus épanouie dans ma vie et donc dans mon job ! Parce que chaque mère est une super-héroïne et que j'ai envie que tout soit possible, sans renoncement... 

Ma carte verte, mon Graal !


Je suis une accro au shopping, ma carte bleue est mon sésame, elle me donne un pouvoir de super héros dans les boutiques, oui mais un pouvoir limité par la banque et mon autorisation de découvert... Comme je peux me sentir frustrée parfois lors des soldes !

Mais j'ai découvert une carte qui me donne un accès illimité pour réussir à "acheter " ce que je désire le plus : ma carte vitale.

La politique pourrait me faire écrire des lignes et des lignes mais non à l'approche des élections un sujet me tient davantage à coeur : vive la France ! Vive la sécurité sociale !

Plus de pouvoir que ma carte d'électeur, sans limites comparées à ma carte bancaire , ma carte vitale me donne un pouvoir surréaliste dans les labo, hôpitaux, rendez-vous médicaux et pharmacies, que je fréquente bien plus régulièrement.

Nous avons une chance incroyable d'être en France, car quand nous entrons en process PMA on â un accès aux soins, à des arrêts maladie ou encore à des médicaments sans payer.

Vous êtes-vous demandé combien coûte le Clomid, le Menaupur, l'Acide folique, le Puregon (ou Puregon pen), l'Ostrogen, la Progestérone ? Mon coup de gueule revient au Menopur : 3 injections mais vendues que par 5 et on ne peut pas garder la boîte pour le cycle d'après... 300 euros de piqûres pour en jeter deux ! Pourquoi ne pas les vendre à l'unité ? Un sujet sensible de nouveau que la prescription de médicaments au bon nombre...

Ce matin lors d'un dosage Ostradiol, j'ai demandé à la gentille laborantine combien coûte mon prélèvement : 52 euros. Aïe ça pique ! Je ne critique pas les tarifs appliqués ou la marge des labo pharmaceutiques qui font du packaging non adaptés au process mais le fait qu'on ne fasse pas attention aux prix de notre parcours de soin grâce à notre carte vitale.

Preuve en est, je me suis amusée à demander à chaque fournisseur de soins le prix des choses et ils en furent tous surpris et m'ont répondu sans détour : "ne vous inquiétez pas ma ptite dame, c'est pris en charge..." Oui mais moi vous comprenez, je veux savoir ce que la société fait pour moi, juste pour pouvoir dire : "Merci la France !"

"Et ton couple ? Ca va ?"


Promis, vous ne lirez pas ici une ode à l'amour ni à quel point c'est fabuleux ! Je veux mettre l'accent aujourd'hui sur le couple. Celui qui traverse des étapes, qui supporte les rendez-vous des plus lunaires, qui s'expose à la vie.

Faire un enfant est une chose intime qui renforce, éclate et bouscule un couple. Quand vous voyez la complexité de maintenir déjà cette unité dans un quotidien normal, dans une situation classique chez vos amis qui ont fait un bébé en claquant des doigts. Qu'en-est-il de ceux qui sont déjà en mode Bagdad pour concevoir ?

Jeunes mariés, vous avez survécu à la préparation du mariage, vous êtes passés par le "post wedding blues", et vous vous apprêtez désormais à fonder votre famille. Plus déroutant que les rendez vous avec le prêtre où l'on vous explique la méthode "Billing" , plus terrifiant que votre dernier essai de robe de mariée, vous vous apprêtez à déplacer des montagnes en vous lançant dans la reproduction ! 

"Alors comment va le couple, déjà un an de mariage ?" 1 an ! 1 an comme 12 cycles où l'on tente d'assurer notre descendance. La nuit de noce est passée, le voyage de lune de miel aussi... et pas l'ombre d'un embryon ! Bon rassurez vous, au bout de 3 ans vous commencez à parler de la qualité de ses spermatozoïdes comme de la liste de course... 

Mais sinon comment va mon couple ? 


Génial, on s'apprête à aller voir un gynécologue ensemble. Ah ça on y avait pas songé quand on choisissait les petits fours avec le traiteur ! Pour le meilleur et pour le pire. Alors accrochez-vous si vous entrer dans le labyrinthe de la procréation médicalement assistée. Si vous vouliez garder un peu de mystère pour monsieur, c'est bel et bien fini !

On va mettre à nu votre couple, vos rapports intimes, parler des antécédents de la famille. "Oui chéri, grande tante Jacqueline a fait une fausse couche et fût  ménopausée à 42 ans !", trop sexy... Adieu secrets de famille et pudeur ! 

Vous allez parler de ses spermatozoïdes, de vos règles, petits kystes, tétons, endométriose et tout autre réjouissance. Et ben ça secoue un couple car dans le monde dès bisounours, on parle pas de tout ça hein ! 

Mais nous, les couples en PMA, en pense et on vit "bébé", on s'interroge sur une définition magnifique qu'est le couple, on se soutient  dans les épreuves, on s'émerveille de la taille de nos follicules après une stimulation, on compte ensemble les ML de Puregon à s'injecter pour ne pas se tromper. On fait même la danse de la victoire quand on a 1% de de spermatozoïdes de mieux que la dernière fois ! On se découvre autrement et finalement on construit les  bases d'un foyer fort ! 

Dire qu'il a trois ans, on avait presque réussi à se disputer sur la nuance du rose de nos faire part ... Les épreuves forgent votre couple et le font grandir, en prenant du recul sur les petits riens du quotidiens pour se focaliser sur l'essentiel, sur plus grand que soi. Alors ne baissez pas les bras, vous en êtes capables !  




Arrête d'y penser !



"C'est quand tu y penseras le moins que cela finira par arriver", elle est géniale c'est la phrase que j'avais envie d'entendre ! Combien de fois vous a-t-on sorti cette "vérité" soit disant indubitable ? Mais alors c'est le pompon de la pomponnette quand cette réflexion sort de la bouche de celles qui ne connaissent pas du tout votre situation et ne pourront jamais comprendre... Vous savez, celle qui est mère de trois enfants depuis une décennie, ou encore la jeune ménopausée car à son époque "on ne se posait pas autant de questions". 

C'est vrai que suis je sotte je vais arrêter d'y penser et hop un bébé ! Pourquoi n'ai-je pas trouvé cette solution miracle plus tôt dites donc ? Quant à toi, chère homologue féminine (collègue - toujours la même) qui m'envoient tes préjugés en pleine figure, crois-tu sincèrement que je n'ai pas tout tenté pour avoir un enfant ou que tu es dotée d'une puissance qui ne m'est pas accessible ? 

37 cycles ! Soit autant de possibilité pour tester tous les trucs de grand mère dont certains rocambolesques... Je ne résiste pas à vous lister mes préférés :

1 / "Laisse de la poussière sous le lit !"
Comment te dire que je ne veux pas risquer de provoquer une crise d'asthme non plus ? 

2 / "Bois de la Vichy célestin !". 
Celle ci je l'adore... J'imagine le Gynécologue du centre  PMA : "Non laisser tomber le Clomid et l'Ovitrelle, 1,5L de Vichy célestin et hop c'est réglé !".

3/ "Faites l'amour les soirs de pleines lune et laisse les volets ouvert  !" 
Quid des tests d'ovulations achetés en paquet de 150 (je contribue à l'économie du secteur pré- maternité) ? Avec la pleine lune et les volets ouverts je risque surtout d'être de très très mauvaise humeur le lendemain matin à vrai dire. Pour peu qu'un voisin croise notre regard et ce n'est pas la lune qu'il faudra décrocher pour me faire sourire à nouveau mais les étoiles !

5/ "Fais le poirier !"
Sans commentaire celle ci... Sérieusement, certains ont déjà suivi ce conseil en pensant que ça pouvait marcher ? 

Alors OUI j'en ai tenté des trucs de grand-mère, j'ai pris beaucoup de conseils et j'ai même essayer de partir en vacances voyez-vous, histoire d'être plus "détendue" ! J'ai même arrêté les traitements, tout envoyer valser en pensant au fond de moi : "aller j'arrête d y penser et comme pour des milliers d'autres femmes cela va fonctionner". Mais ce n'est pas si simple...

 J'écris ce post après un reportage vu sur France 2 : "Et si on faisait un bébé ?" où une jeune fille montre comme le lâcher-prise lui a été bénéfique. Mais cette phrase : "il faut arrêter d'y penser" met mes nerfs en pelote !  Après avoir fait le poirier, oublier de faire le ménage, mis un œuf sous le lit, bu des litres de Vichy Célestin, je vais me ranger de l'avis de mon cher médecin : la raison est médicale et non liée à du vaudou ou de la malchance.

Attention vous allez vous vriller la rétine à ce mot : "Médical" ! Mais oui, dans ces banalités dites par des femmes non concernées qui essaient de nous soutenir, d'apporter de l'empathie à notre désir d'enfants, elles oublient un détail... On peut avoir du mal à concevoir car la raison est en nous et seule la médecine peut nous aider.

Maintenant quand on me dit la phrase bateau "arrête d'y penser et ça viendra", je réponds : "c'est médical !" et je tourne les talons. Je ne leurs demande pas de comprendre ni de me conseiller, simplement de me laisser gravir les marches pas à pas pour gérer cette situation déjà complexe et de respecter l'avis du docteur sans me stresser davantage... A bon entendeur !